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Carte blanche à István Szabó

Du mardi 23 janvier 2024
au dimanche 28 janvier 2024


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La venue d’István Szabó – et donc la rétrospective de ses films en sa présence – étant reportée au printemps pour des raisons hivernales, nous avons décidé de scinder l’événement en deux temps et vous proposons de commencer par la carte blanche de huit films hongrois choisis spécialement par lui-même. Parce que s’il est un cinéaste reconnu internationalement, il est aussi un important promoteur de l’histoire du cinéma mondial, en général, et de celle du cinéma hongrois bien sûr, à l’écriture de laquelle il a activement participée. Il nous propose ainsi, ici, une sélection de films progressistes restaurés par le Hungarian National Film Institute qui, par leurs thèmes et leur aspect visuel innovant, ont ouvert de nouvelles voies pour le cinéma hongrois après 1945. Une belle fenêtre sur une cinématographie que l’on connaît assez peu, sortis des grands maîtres tels qu’ István Szabó lui-même, Béla Tarr, Judit Elek, Miklós Jancsó, ou les exilés hollywoodiens André de Toth et un certain Kertész plus connu sous son nom américanisé de Michael Curtiz.

1945, c’est la fin de la Seconde Guerre mondiale. Horthy, qui avait lancé la Hongrie dans la guerre aux côtés de l’Allemagne nazie, a été arrêté par ces mêmes autorités allemandes, et les troupes soviétiques finissent par libérer le pays – en l’envahissant. Une nouvelle République est déclarée en 1946, et si un gouvernement de coalition lance une large campagne de nationalisation dès 1947, le Parti communiste, vampirisant d’autres partis, devient le Parti des travailleurs hongrois et prend le pouvoir en 1949, instaurant la République populaire de Hongrie (qui le restera jusqu’à la chute du mur en 1989). Un régime qui s’installe sous la houlette de Rákosi, nouvel homme fort du Parti dans la droite ligne de la politique et des méthodes staliniennes.

Une sélection de films qui ont ouvert
le cinéma hongrois
à de nouvelles voies.

Avec Rákosi, la Hongrie connaîtra des années très rouges et plutôt noires. Une période de terreur idéologique qui prendra fin dans le milieu des années 1950 dans la foulée de la mort du petit père des peuples (1953) et la déstalinisation des républiques dites populaires qui s’en suivit. Et puis vint le temps de l’insurrection et l’entrée des chars soviétiques dans Budapest. 1956. Les anciens libérateurs sont les nouveaux agresseurs. Matée dans le sang, l’insurrection de Budapest laissera une profonde cicatrice dans la conscience collective – hongroise et internationale. Et l’Histoire n’étant plus à un ironique paradoxe près, c’est celui-là même qui fit appel au Pacte de Varsovie pour rétablir l’ordre socialiste, János Kádár, qui mit la Hongrie des années 1960 sur la voie d’une libéralisation politique, économique et culturelle – le fameux socialisme goulasch – jusqu’à l’effondrement de ce que l’on appelait le bloc de l’Est en 1989.

Cinématographiquement, sur cette période, l’immédiate après-guerre voit d’abord l’industrie se reconstruire – studios et productions – avant d’être nationalisée en 1948. Les années Rákosi tombent comme une chape de plomb, standardisant une production inféodée au réalisme socialiste et au nouveau catéchisme communiste. Jusqu’au milieu des années 1950 où le renouveau du cinéma hongrois commence à pointer. Le fait véritablement marquant sera la création du Béla Balázs Studio, fondé en 1960. Un studio de jeunes cinéastes qui fonctionnait comme un laboratoire dans lequel la future génération pouvait expérimenter de nouvelles formes sans la pression d’une rentabilisation économique. Cette même génération et ce même studio dont est issu István Szabó (ainsi que Zoltán Huszárik ou Sándor Sára que l’on pourra retrouver dans cette sélection).

Voilà pour le contexte historico-politique dans lequel ces films ont été produits. En l’absence d’István Szabó, ils seront accompagnés par György Ráduly, directeur du National Film Institute Hungary - Film Archive, que nous aurons le plaisir d’accueillir à cette occasion.

Franck Lubet, responsable de la programmation de la Cinémathèque de Toulouse