Macho (Huevos de oro) – Doubles programmes
Bigas Luna. 1993. Esp. 105 min. Coul. 35 mm. VOSTF.
Bigas Luna, un amateur ibérique de bonne chair, un adepte de la provocation, et un chantre du mauvais goût outrancier qui mit à mal tous les stéréotypes de la culture espagnole. Pourtant, les Français le découvrent au festival du film fantastique d’Avoriaz avec un thriller hypnotique et terrifiant lorgnant du côté d’Hitchcock et de son disciple William Castle. Avec Angoisse, Luna plonge le spectateur au cœur du malaise grâce à un très habile dispositif de mise en abyme. Sur l’écran, un tueur en série qui s’en prend aux yeux de ses victimes, dans la salle, l’angoisse s’installe et monte d’un cran quand le meurtrier se rend lui aussi au cinéma pour compléter sa collection de globes oculaires. Un giallo conceptuel mais, surtout, un exercice vertigineux en forme d’insidieuse déclaration d’amour au septième art. À l’opposé du spectre, Macho, comédie libre et provocante, se paye la tête de toute une société machiste tout aussi capitaliste qu’hétéro-patriarcale. L’ascension et la chute de Benito Gonzalez qui, après un drame sentimental, décide d’user de son pouvoir auprès des femmes pour atteindre les sommets. Son modèle se nomme Julio Iglesias, et son rêve est d’ériger la plus haute et la plus grosse tour du pays dans la province d’Alicante. Spéculations immobilières et ascensions sociales, sexe et Rolex. Une jouissive tragédie de la chute, portée par le caliente Javier Bardem, impérial en play-boy arriviste, et immense lorsqu’il reprend un morceau d’Iglesias dans une mémorable séquence de karaoké.
Voir aussi Angoisse
