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André Bazin

André Bazin suit des études à l’École normale de La Rochelle, puis à celle de Versailles. Reçu à l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud, il est rejeté par l’Éducation nationale en raison d’un bégaiement. Il se destine alors à la critique cinématographique et anime d’abord conférences, débats et ciné-clubs. Il débute une carrière de journaliste au Parisien Libéré.
André Bazin est considéré par beaucoup comme le meilleur critique cinématographique de l’après-guerre. Au fil de sa collaboration à de nombreux organes de presse (du Parisien Libéré à France-Observateur, en passant par les Cahiers du cinéma dont il a été l’un des cofondateurs), il laisse une foule d’articles qui révèle plus un spectateur passionné de films qu’un théoricien. Patience et générosité le caractérisent : le moindre film, quelle que soit sa qualité, fait l’objet d’un examen sans préjugés, dans lequel il trouve toujours un moyen de s’interroger sur les voies de la création. Sa pensée, pétrie d’humanisme chrétien et de la conviction que le cinéma est un art à la portée du grand public, est celle d’un authentique pédagogue, remarquable par son sens de la mesure et de l’analyse. Si André Bazin ne construit pas de système esthétique, il développe quelques thèmes qui confèrent à sa pensée critique une certaine cohérence. Il voit dans le cinéma une forme d’« achèvement de l’objectivité photographique » et donne du même coup sa préférence au réalisme, idéalement reproduit dans le documentaire « objectif ». Tout ce qui va à l’encontre du réalisme, notamment le montage et les manipulations techniques, est suspect à ses yeux. En revanche, il privilégie la profondeur de champ et le plan-séquence comme moyens susceptibles de restituer la continuité et l’essence de la réalité. Il défend le cinéma « impur », chargé d’illustrer, ou plutôt de révéler, un texte conçu à d’autres fins : littérature théâtrale de Jean Cocteau dans Les Parents terribles (1948), littérature romanesque de Georges Bernanos avec Le Journal d’un curé de campagne (1945) de Robert Bresson. Si l’œuvre critique d’André Bazin est la cible de nombreux exégètes qui en dénoncent l’incohérence et les confusions, elle n’en a pas moins influencé toute une génération de cinéastes. La Nouvelle Vague, avec son désir de faire un cinéma différent, lui doit un certain tribut.
L’œuvre d’André Bazin est rassemblée dans un ouvrage posthume, Qu’est-ce que le cinéma ?, publié aux Éditions du Cerf.