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Christian Gasc ou l’art du costume

Du mardi 02 mars 2010
au samedi 13 mars 2010

C’est moins la passion que la quintessence de l’amour des autres qui anime Christian Gasc. Dans ses yeux d’un bleu limpide, rehaussés d’une subtile barrière de cils noirs, on devine l’être talentueux. Cette insatiable curiosité prédestine le petit gascon à devenir ce costumier internationalement reconnu. Deux fois par semaine, la salle obscure du cinéma Apollo enchante ses rêves étoilés qui le conduisent à mettre en scène ses petits camarades. Partageant l’admiration de sa mère pour Michèle Morgan dont elle croque les robes, c’est tout naturellement que le septième art s’offre à lui. En amateur, littéralement : celui qui aime.

Il signe en 1975 les costumes du film Aloise de Liliane de Kermadec. Cette rencontre scelle à jamais sa carrière. Vont s’en suivre pas moins de 60 films, 20 opéras et 40 pièces de théâtre qui poussent Christian Gasc à exhaler son génie depuis plus de 30 ans. Du Bal du gouverneur aux Sœurs Brontë respectivement de Marie-France Pisier et d’André Téchiné, ses amis de toujours, des Deux Fragonard de Philippe le Guay à Mon homme de Bertrand Blier en passant par Le Roi de Paris de Dominique Maillet ou encore La Veuve de Saint-Pierre de Patrice Leconte, sans oublier Godard avec Passion ou Chocolat de Claire Denis, les Truffaut, Tavernier ainsi que Tosca et Sade de Benoît Jacquot. Sur scène avec entre autres : Marius et Fanny, Peter Pan, Manon Lescaut… et Cosi fan tutte pour l’opéra ou encore La Surprise de l’amour, Soie… et Ivanov au théâtre. César des meilleurs costumes en 1996 pour Madame Butterfly de Frédéric Mitterrand, avec Ridicule de Patrice Leconte en 1997 et l’année suivante pour Le Bossu de Philippe de Broca, il est couronné d’un Molière en 2003 avec L’Éventail de Lady Windermere d’Oscar Wilde au Théâtre du Palais Royal.

« Je ne travaille que sur les films où je pense pouvoir apporter quelque chose de singulier » lance-t-il humblement. C’est certainement cette humilité teintée d’ironie sur lui-même qui le pousse à comptabiliser les films qu’il n’a pas voulu faire plutôt que ceux dont il a partagé l’affiche. Pourtant, combien d’étoiles a-t-il croisées ! De James Mason à l’égérie de Pasolini : Laura Betti, son amie, ou Dirk Bogarde à qui il offrit un bouquet de roses jaunes, signe d’une profonde admiration. Sans parler des Signoret, Moreau, Pisier, Ardant, Béart, Binoche et Casta, des Noiret ou Auteuil et autres Gheorghiu, Manfrino, Raimondi, Tezier, Barrard et Alagna. Toutes ces rencontres qui l’ont mené au bout de ce qu’il désirait et à dire aujourd’hui avec flegme : « si c’était à refaire, c’est cette vie que je voudrais traverser ».

David Massot