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Alice Guy, pionnière chez Gaumont

Du mardi 07 mai 2019
au dimanche 30 juin 2019

Longtemps oubliée dans l’histoire du cinéma et encore méconnue du grand public, Alice Guy (1873-1968) est considérée aujourd’hui comme la première femme réalisatrice. Secrétaire chez Gaumont dès la fondation de la compagnie, alors que la firme réalisait surtout des bandes d’actualité ou des vues de paysage, Alice Guy pressent les perspectives commerciales et artistiques du cinéma de fiction. Suite à sa demande, Léon Gaumont lui accorde la permission de tourner des saynètes en dehors des heures de bureau ; elle obtient ainsi un succès inespéré auprès du public avec La Fée aux choux (1896), sa première fiction. C’est le début d’une production très prolifique. De 1896 à 1907, elle supervisera près de 1 000 films, en passant par toutes les casquettes : réalisatrice, mais aussi productrice et scénariste. Dès 1902, elle s’intéresse aux premiers essais de cinéma sonore : elle tourne environ 160 « phonoscènes », notamment avec les chanteurs de l’époque, en réalisant ainsi les ancêtres des vidéoclips. Grâce au Chronophone, nouveau dispositif qui permet de synchroniser lors de la projection l’image filmée et le son préenregistré et amplifié, les phonoscènes sont de plus en plus diffusées.
Si les fictions d’Alice Guy prennent souvent inspiration des cartes postales humoristiques, ce type de support en deviendra aussi le premier élément publicitaire illustré : proposées entre 1903 et 1906 au catalogue Gaumont comme illustrations des films, elles seront ensuite remplacées par les affiches en couleur, jusque-là réservées à la réclame des nouveautés techniques (comme celle du Chronophone Gaumont, présentée dans l’exposition). L’affiche de Le Tonneau (1906) semble être la première affiche de film. L’anonymat étant la règle de la maison à l’époque, on retrouve sur ces affiches seulement le titre et le nom de la firme : aucun nom est au générique, et chez Gaumont même les affichistes signent rarement leurs créations.
En 1907, Alice Guy part aux États-Unis pour suivre son mari Herbert Blaché, chargé de commercialiser le Chronophone de l’autre côté de l’Atlantique. Elle continuera ses activités aux USA, en fondant sa propre maison de production, la Solax Film Co. Avant de quitter la France, elle désigne elle-même son remplaçant à la tête des productions Gaumont, Louis Feuillade.
Tous les genres explorés dans ses fictions – comique, aventure, drame, fantastique, opéra filmé, policier, documentaire, film de guerre, film religieux, film historique… – continueront à être exploités chez Gaumont par ses collaborateurs et ses successeurs, de Feuillade à Étienne Arnaud, en passant par Léonce Perret.

La Cinémathèque de Toulouse rend hommage à Alice Guy grâce à la précieuse collaboration de Gaumont Pathé Archives, qui met à disposition une sélection des films les plus emblématiques de cette pionnière et diverses reproductions de cartes postales et d’affiches. Des affiches originales issues des collections de la Cinémathèque de Toulouse et une affiche prêtée par l’Institut Jean Vigo viennent donner un aperçu de la production Gaumont de cette époque. Cette exposition fait écho à la thématique de la saison de ciné-concerts 2018-2019 – « Femmes à la caméra » – mais est aussi l’occasion de rappeler les liens historiques qui unissent la Cinémathèque de Toulouse à Gaumont, grand déposant de films, partenaire de divers programmes, et dont l’ancien directeur, Daniel Toscan du Plantier fut président de la Cinémathèque de Toulouse de 1996 à 2003.

> 7 mai – 30 juin 2019
Cinémathèque de Toulouse (hall)