En prévision du projet de réaménagement des espaces rue du Taur, la bibliothèque de la Cinémathèque de Toulouse est fermée au public jusqu’à la fin des travaux. Nous vous remercions de votre compréhension.

Extrême Cinéma 2019 – Les invités

Christophe Bier

Journaliste des marges, du cinéma de genre et de la littérature érotique, Christophe Bier écrit pour Mad Movies et Art Press, tourne des documentaires pointus et fait parfois des conférences, travesti en pornophobe névrosée. Après Censure-moi – Histoire du classement X en France (L’Esprit Frappeur, 2000), ivre d’exhaustivité, il travaille pendant dix ans sur le Dictionnaire des films français pornographiques & érotiques de longs métrages en 16 et 35 mm (Serious Publishing, 2011), arme critique de 1 000 pages et d’1,5 kg, conçue pour assommer les censeurs. Fidèle de l’émission « Mauvais genres » de France Culture, il réunit une sélection de ses chroniques radiophoniques dans Obsessions (Dilettante-France Culture, 2017). Lecteur de BD érotiques de gare, il raconte l’histoire de l’éditeur Elvifrance dans Pulsions graphiques (Cernunnos, 2018). Au cinéma, il apparaît chez Jean-Pierre Mocky (dont il fut l’assistant et chasseur de têtes), N.G. Mount et Serge Bozon, fait un tour dans quelques films explicites d’Ovidie et incarne le procureur général dans Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico. Il collectionne les romans de flagellation de l’entre-deux-guerres et les photos de nains au cinéma.

Laurent Hellebé

Un fanéditeur, un éditeur tout court, aussi discret que radical. Durant les années 1990 et 2000, Laurent Hellebé participe activement à la deuxième grande vague des fanzines consacrés au cinéma des marges. En l’espace de quelques mois, il édite Crash!, dédié au cinéma bis italien, Asian Mania, l’un des premiers fanzines français à s’intéresser au cinéma asiatique, ou encore Blind Date, qui décortique l’œuvre d’Albert Pyun tout en analysant la carrière de Jennifer Jason Leigh, alors peu connue de la grande presse. Tout ceci ne l’empêche guère de traîner ses guêtres sur bon nombre de tournages, dont le fameux long métrage Calibre 9 (2011) réalisé par Jean-Christian Tassy, et de participer à l’excellent prozine Versus. Entre-temps, cet infatigable amoureux du cinéma de genre passe la vitesse supérieure en écrivant Ciné Hong Kong, une des toutes premières tentatives hexagonales pour rendre compte de la richesse de la nouvelle vague hongkongaise chère à John Woo et Tsui Hark. Puis, à travers Panik Editions, qu’il contribue à créer, il accouche de deux impeccables essais : Walter Hill, l’esprit d’équipe et Tirs groupés, consacré à la production des films de genre des années 1980.

Didier Lefèvre

Dans la vie, il n’y a pas de hasard… Né un 12 mai comme Jess Franco, Didier Lefèvre est un enfant des années 1980 et des défunts vidéoclubs. Amoureux fou de cinéma bis, il crée Médusa Fanzine en 1989, l’un des titres phares du rayon (28 numéros à l’heure où l’on parle). Mais cela ne suffit pas à nourrir sa folle passion de l’écriture et du cinéma : en 1997, le bonhomme lance aussi le fanzine Hammer Forever (40 livraisons depuis lors), spécialement dédié à la célèbre firme anglaise. Taulier du blog Médusa, collectionneur patenté de fanzines, animateur radio pendant un temps (« Radio Médusa » sur Radio PFM), Didier trouve encore le temps d’aider les copains en collaborant à une palanquée de fanzines, parmi lesquels Vidéotopsie, Le Bissophile, Le Charognard, Darkness Fanzine, Fantasticorama, Horror Pictures… En 2013, le gars prend sa plus belle plume et autoédite son premier roman, Le Gros, paru aux éditions Euryale. Gageons sans risque que ce ne sera pas le dernier. Comment, alors, trouve-t-il encore le temps d’écrire la plupart des textes des Dead Rats, groupe de punk’n’roll dans lequel il tient aussi le micro ? On ne sait pas trop… Définitivement un extraterrestre du milieu.

Lou Castel

Présence animale, regard vénéneux, et cette éternelle bouille de sale gosse : Lou Castel, un acteur à la carrière aussi improbable qu’hétérogène. Lou Castel, de son vrai nom Ulv Quarzell, Suédois d’origine et né en Colombie. Il grandira en Jamaïque, à Rome, à New York, en Suède et à Saint-Paul-de-Vence. Son père est un consul honoraire « qui se prenait facilement pour Tarzan », mais c’est sa mère, militante communiste et collaboratrice sur des scénarios de Federico Fellini et Mario Monicelli, qui lui donne le goût du marxisme et du cinéma. Plus tard, c’est Luchino Visconti qui lui donne sa première chance dans Le Guépard (1963), mais c’est surtout Marco Bellochio qui le découvre en lui confiant le premier rôle de Les Poings dans les poches (1965). Personne n’oubliera son interprétation de bourgeois névrosé qui massacre sa famille. En deux tours de manivelle, il devient une célébrité transalpine demandée par les plus grands du monde de l’art et essai et du film de genre. Pour Liliana Cavani, il se glisse dans la peau de Saint François d’Assise et pour Carlo Lizzani, il est un formidable et gauche justicier dans l’une des plus belles réussites du western spaghetti, Tue et fais ta prière (1967). Chabrol, Wenders, Aranda, Lenzi et les autres ne s’y tromperont pas. Séries B d’un côté, films d’auteur de l’autre, et la révolte encore et toujours.

Jean-François Rauger

Une cinémathèque programmant un festival qui invite un programmateur de cinémathèque à venir programmer. De quoi y perdre son latin. De la programmation comme un art, Jean-François Rauger en connaît un rayon. Depuis 1992, il dirige avec énergie et passion celle de La Cinémathèque française. Originaire de Strasbourg, descendu à Paris à l’appel de Dominique Païni, alors directeur de la vénérable institution, JFR considère le cinéma comme une machine à penser. Brillant orateur jouant à merveille de l’improvisation, ce « montreur » de films hyperactif est l’homme de tous les cinémas mais pas de n’importe quelle programmation. Programmer, c’est écrire, dit-il. Chez lui, Renoir cohabite avec Jesus Franco sans aucun problème et Guy Debord dialogue avec William Castle sans aucun souci, comme en témoigne L’Œil qui jouit (Yellow Now, 2012), un recueil de ses textes parus dans différents médias. Avant cela, il s’était illustré dans des ouvrages collectifs consacrés aussi bien à George Cukor qu’à Lucio Fulci. De temps à autre, il lui arrive même de faire l’acteur. Un hobby écartelé entre le radical Seul contre tous (1998) de Gaspar Noé et l’alerte On appelle ça… le printemps (2001) d’Hervé Le Roux.

Marie Herny

Une programmatrice résolument à part. Marie est originaire de France et installée en Valais, l’un des 26 cantons suisses, depuis presque 7 ans. Elle suit un master en Sociologie, Art, Culture et Médiation culturelle à Grenoble, après une licence en Histoire de l’Art effectuée à Montpellier. Rompue à l’exercice de la gestion de projets, elle a participé à la création de nombreux événements en France ainsi qu’en Suisse. Forte de ces expériences, elle rejoint l’équipe de programmation du Festival 2300 Plan 9 – Les Étranges Nuits du Cinéma de la Chaux-de-Fonds, pour en devenir la responsable, tout en occupant également le poste de chargée de communication. Elle est également à l’origine de la salle Le Kremlin à Monthey, orientée dans la programmation musicale (de Jean-Louis Costes à Madame Robert) et cinématographique (de L’Arme fatale à Supervixens), pour laquelle elle porte également ces deux casquettes. Elle travaille actuellement pour la Bavette au P’tit théâtre de la Vièze, dédié au jeune public, tout en façonnant de films de maître une vingtième édition des Étranges Nuits du Cinéma qui s’annonce épique.

Marie Savage Slit

Directrice artistique, éditrice, performeuse, modèle… La Toulousaine Marie Savage Slit a plus d’une corde à son arc et c’est tant mieux. En 2017, elle crée la revue Berlingot qui s’offre comme un condensé artistique explorant les facettes érotiques de nos corps et de nos désirs. Marie débusque les artistes en France et à l’international. Elle pioche, sélectionne, assemble, compile et met en lumière mais surtout en valeur. Le ton est résolument rock’n’roll et l’objet toujours léché. Dans Berlingot, on trouve de la photographie, de la broderie, de la sculpture, de l’illustration, de la poésie, de la prose BDSM et beaucoup d’autres choses humides, glissantes et belles. Pour elle, ce magazine se veut « un support inclusif pour nos intimités, le reflet d’une fluidité organique sensible et excitée ». L’art envisagé comme pulsion sexuelle. La publication l’emmène bien vite aux quatre coins de l’Hexagone où s’organisent des soirées qui mêlent performances, workshops, conférences, débats et concerts. Marie Savage Slit au gré de ses désirs.