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Cinéma militant gay et lesbien – années 1970-80

Du mercredi 17 janvier 2018
au dimanche 21 janvier 2018


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Interdite, réprimée, cachée, stigmatisée par la société, l’homosexualité est longtemps restée absente du cinéma. Pas tout à fait invisible néanmoins, le cinéma, depuis ses origines, en a donnée des représentations − parfois par des films la prenant pour thème (assez peu), ou à travers des personnages homosexuels (plus nombreux bien que pas toujours heureux, pour ne pas dire caricaturaux), mais le plus souvent de manière détournée, entre les lignes ou à mots couverts. Des représentations certes, mais à quelques exceptions près, toujours à travers un prisme hétéro-normé. Un état de fait qui va basculer avec les années 1960 et surtout dans les années 1970. Avec les années militantes. De ces représentations à une revendication. De ces films sur l’homosexualité, ou avec des personnages homosexuel-le-s, à un vrai cinéma homosexuel.
À la fin des années 1960 début des années 1970, femmes et hommes, féministes et homosexuel-le-s descendent dans la rue. Des mouvements se créent et s’organisent, affirmant un discours politique et sexuel − le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) et le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR) pour ne citer que les plus connus – contre le machisme et l’homophobie, pour retourner une société phallocrate. C’est le Sexpol. La sexualité est politique et la politique est sexuelle. Une approche révolutionnaire qui remet en cause les formes traditionnelles du militantisme (voir Le FHAR, le film de Carole Roussopoulos). Le cinéma est là. Il va accompagner le mouvement. Et il va en devenir un lui-même, cinématographique, développant une forme esthétique avant-gardiste bien différente du cinéma militant qui se pratique plus largement au même moment.
C’est que le cinéma militant gay et lesbien prend ses racines dans le cinéma underground (Kenneth Anger, Jack Smith, Jean Genet dans les années 1950-1960). Et qu’il va développer une approche expérimentale et débridée du cinéma. Que ce soit quand il saisit l’histoire immédiate : Carole Roussopoulos est la première cinéaste à s’emparer de la vidéo avec Le FHAR. Qu’il raconte un siècle de l’histoire de l’homosexualité sous la forme d’un essai qui sera classé X : l’incontournable Race d’ep de Lionel Soukaz – et plus récemment la mémoire du militantisme homosexuel : Rien n’oblige à répéter l’histoire de Stéphane Gérard. Que ce soit encore avec Barbara Hammer (I Was/I Am, Dyketactics_) et Ulrike Ottinger (_Aller jamais retour), les deux figures majeures du cinéma féministe et Reines de l’underground. Ou qu’il s’attaque au SIDA dans un curieux mélange camp/trash : Un virus n’a pas de morale, Zero patience… On peut être militant et artiste. C’est la grande leçon cinématographique du cinéma militant gay et lesbien. Un cinéma inventif, inventeur de formes, qui tout en militant crée sa propre culture (voir le désormais cultissime Pink Narcissus_). Un cinéma entre le documentaire, le pamphlet et le kitsch, l’érotisme et la pornographie (_Mondo homo, une histoire du porno homo des 70’s par Hervé Joseph Lebrun). De l’underground : comme un écho à la clandestinité et à la marginalisation. De l’underground : comme on qualifie une avant-garde culturelle.
Bref, des émeutes de Stonewall à Act Up, retour sur une histoire de militantisme, une partie de l’histoire homosexuelle, qui est aussi un chapitre de l’histoire du cinéma.

Franck Lubet, responsable de la programmation