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Les films qu’il faut avoir vus 2018

Du jeudi 13 septembre 2018
au mercredi 03 octobre 2018


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Comme la rentrée de la saison dernière, et comme pour toute nouvelle saison dorénavant, une courte programmation d’incontournables pour reprendre la saison en se remettant les idées en place au sortir de la coupure estivale. Une programmation, faut-il le rappeler, qui ne vise pas à l’exhaustivité, mais à reposer quelques repères sur la carte du cinéma. Des films jalons, qui ont marqué leur époque, qui appartiennent à un tournant de l’histoire du cinéma, esthétique, technique… Des films qui font le cinéma et la cinéphilie. Des films qui appartiennent tout simplement à la culture générale.
Des films, enfin, pour reposer les fondations d’une base cinéphilique à partir de laquelle commencer une nouvelle saison. Une nouvelle expédition, avons-nous envie de dire, comme on parle d’exploration. Celle, pour reprendre une formule de Serge Daney, d’un pays, le cinéma, qui ne figure sur aucune carte de géographie – parce qu’il les englobe tous – et qu’il est encore temps d’explorer de l’intérieur.
Cette exploration de l’intérieur est un travail de tous les instants et de toute la saison, de toutes les saisons. Et débuter de la sorte, par une programmation de films-clés, est après tout naturel. Une manière de constituer un trousseau de clés, de passes, pour forcer toutes les serrures du cinéma.
Pour cette présente saison, et malgré le côté patchwork de la proposition à première vue, un axe principal se dégage : le passage du cinéma à la modernité. Modernité de l’écriture qui bascule, avec les années atomiques, dans son rapport au monde et à la communicabilité, et qui touche, dans un réalisme renouvelé, à l’abstraction des idées. Ce sont Hiroshima mon amour et L’avventura, Anita G et Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles… Et nous irons de la sorte du Mouchard de John Ford, film sonore qui s’écrit comme un muet, à Elephant de Gus Van Sant, film quasi-expérimental qui trouve sa musicalité dans son propre mouvement répété. Et de la répétition à l’écho, du bégaiement à l’écriture cyclique de l’histoire, nous rencontrerons des effets miroirs, scintillements de cette même modernité. Des films où le cinéma intervient directement comme le prisme à travers lequel se lit l’histoire : Crépuscule de gloire ou Au fil du temps. Ou des films qui se lient étrangement comme des perles disparates qui, enfilées au même fil, finissent par donner un collier. La peine de mort : de La Dame du vendredi à Tu ne tueras point. La pulsion de mort et le fétichisme des armes à feu : Gun Crazy et Elephant. La métaphysique du voyage : Stalker et Sorcerer… De quoi se demander si, comme l’écrivait Flaubert, bien que les perles composent le collier, ce n’est pas au final le fil qui le fait. Le point de départ de la cinéphilie en fait : ne pas simplement regarder des films pour eux-mêmes, mais les mettre en regard les uns des autres. La saison peut commencer.

Franck Lubet, Responsable de la programmation