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David O. Selznick, un mogul indépendant

Du mercredi 05 décembre 2018
au dimanche 23 décembre 2018


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Comme un ouragan, David O. Selznick a agité le cinéma hollywoodien pendant trois décennies, des années 1930 aux années 1950. Il l’a façonné, s’y est plié et l’a plié à ses ambitions. Et s’y est brisé. Formé aux studios et en permanente quête d’indépendance, il aura été un visionnaire épris de liberté créatrice (la sienne) et despote castrateur avec ses auteurs. Un indépendant dans le système. Un passionné de cinéma à la recherche de la recette du film parfait, prêt à tout sacrifier quand il pense l’avoir trouvée. Le patron − le modèle − du producteur interprété par Kirk Douglas dans Les Ensorcelés de Minnelli. Le fameux : « Trouve-moi un putain de talent que je fasse un bon film ». Et des talents, il en a flairés et dégotés, il en a modelés : Katharine Hepburn, Ingrid Bergman, Vivien Leigh, Jennifer Jones. Des talents, il en a côtoyés et fait travailler (exploités ?) : Ben Hecht, William Cameron Menzies, King Vidor, George Cukor, sans oublier Hitchcock, bien sûr, qu’il fit venir à Hollywood. Passé par la Paramount, la RKO et la MGM (il fut le gendre de Louis B. Mayer), avant de créer sa propre firme avec ses propres studios − la Selznick International Pictures − David O. Selznick est l’archétype du producteur-mogul hollywoodien. Le mal et le beau, indomptable et despotique. Admirable et détestable. Un mythe hollywoodien − le producteur génial − et américain − le self-made-man qui rivalisait avec les majors (fils d’un pionnier de la distribution ruiné qui a commencé au bas de l’échelle).
Mais avec lui se pose surtout, autrement, la question de l’auteur. Car auteur, il l’est en tant que producteur. Un auteur entrepreneur. Un autre rapport à la notion d’auteur telle qu’on l’entend généralement. Mais peut-être aussi, finalement, un auteur tout à fait truffaldien si l’on se réfère à sa politique des auteurs. Car c’est bien une vision du cinéma qu’il cherchait à imprimer dans ses productions, harcelant ses collaborateurs de ses fameux mémos, s’interrogeant sur les sourcils d’Ingrid Bergman ou imposant à Hitchcock les plans à tourner. Auteur dans cette idée de réunir des talents pour faire le meilleur film hollywoodien possible. Auteur il l’était en s’immisçant dans les scénarios et le montage (toujours ses mémos), et en multipliant les cinéastes sur les films comme des techniciens (Von Sternberg et Dieterle en plus de King Vidor pour Duel au soleil, Cukor et Sam Wood en plus de Fleming pour Autant en emporte le vent) sans perdre en homogénéité, allant jusqu’à aller chercher lui-même l’Oscar du meilleur film pour Rebecca à la place de Hitchcock. Pygmalion, démiurge… et homme d’affaires. On connaissait l’auteur (ou acteur) producteur, Selznick inventait le producteur auteur.

Franck Lubet, responsable de la programmation