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Frank Sinatra / Dean Martin

Du mercredi 24 novembre 2021
au mercredi 22 décembre 2021


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Crooners et acteurs

Ils sont cool. Super cool. Ils sont la coolitude incarnée, un pur concentré de décontraction. Ils sont si cool que même George Clooney, à côté, tient du résidu de mousse au fond d’une tasse de café vide. Dean Martin, surnommé The King of Cool. Frank Sinatra, surnommé The Voice. Tous deux d’origine italienne. Tous deux crooners, plus attachés aux lumières de Las Vegas qu’aux étoiles de Los Angeles. Tous deux membres éminents du Rat Pack, club d’amis très fermé initialement fédéré autour d’Humphrey Bogart, dans lequel on croise également Sammy Davis Jr. et Peter Lawford, ou encore Shirley MacLaine (voir L’Inconnu de Las Vegas – Ocean’s Eleven dans le titre original – qui rassemble l’ensemble du Rat Pack dans un film plus que cool, quasiment en vacances).

Sinatra est déjà un chanteur reconnu quand il arrive au cinéma et c’est d’abord dans son propre rôle qu’il se produit au septième art avant de s’imposer dans le paysage cinématographique des années 1950, alternant rôles de comédies musicales où il pousse la chansonnette comme il se doit et rôles plus dramatiques, remportant par exemple un Oscar pour son interprétation d’Angelo Maggio dans Tant qu’il y aura des hommes.

Dean Martin, lui, arrive du cabaret où il forme un irrésistible duo comique avec Jerry Lewis explosant rapidement sur le grand écran sous la forme d’un couple à la Laurel et Hardy remis au goût du début des 50’s (moins le gros et le petit que le gendre idéal et le gaffeur). Après une douzaine de comédies loufoques, le couple se sépare et tout en développant sa carrière de chanteur, Dino déroule à l’écran une partition plus dramatique dont le jeu tout en nonchalance n’aura d’égal que celui de Robert Mitchum.

Amis très proches, séduisants séducteurs, ils incarnent à tous deux la tendance « cigarettes, whisky et petites pépées » de la masculinité de l’ère atomique – de l’après-guerre à la fin des années 1970. Celle d’une Amérique triomphante, sûre d’elle et de son « way of life », et pourtant encline au doute et à verser dans la névrose. Car ce qui est intéressant quand on regarde la galerie de personnages qu’ils ont pu interpréter l’un et l’autre, au-delà d’un machisme de façade qui pourrait gêner aujourd’hui (les personnages de séducteurs de cabarets), ce sont les fêlures qui les composent : addictions, déchéances, lâchetés. Il y a déjà quelque chose des anti-héros tels que le Nouvel Hollywood les développera. Ils en sont un peu les pères, ou les grands frères. Cools, certainement, mais losers assurément. De magnifiques losers. C’est peut-être ça au final la coolitude.

Franck Lubet, responsable de la programmation