Galaxie Truffaut

Prendre un.e cinéaste incontournable, choisir trois films dans sa filmographie, et tracer d’hypothétiques, voire d’improbables, lignes traversantes entre ces films et d’autres. C’est le terrain de jeu que la Cinémathèque de Toulouse s’est inventé la saison passée au Pathé Wilson. Les travaux touchent maintenant à leur fin, mais avant de retrouver nos murs explorons encore en ce début d’année 2026 deux dernières galaxies. Ici, François Truffaut, cinéaste paradoxal qui marque les débuts officiels d’une révolution dans le cinéma français – la Nouvelle Vague – et aujourd’hui devenu un classique de ce même cinéma français de la deuxième partie du XXe siècle… Critique de cinéma à la plume bien acérée avant de passer derrière la caméra, on ne présente plus le jeune Turc. On lui doit la fameuse politique des auteurs qui n’en finit toujours pas de faire débat. Mais on lui doit aussi une formule qui devrait orner les frontons de toutes archives de cinéma. En substance et en résumé : la véritable histoire du cinéma s’écrit et s’apprend tous les soirs sur l’écran de la Cinémathèque. Qu’on se le dise. Qu’on se le répète : comme une ritournelle entêtante, ensorcelante. Quelque chose comme le tourbillon du cinéma. Et rien de mieux que passer par le prisme des « galaxies » pour bouger les lignes entre lesquelles ces histoires s’écrivent et se réécrivent en permanence. Trois films de Truffaut, donc, à consteller. Trois films comme les trois coups au théâtre accompagnent le lever de rideau. Quatre cents coups tirés sur un pianiste par Jules et Jim. Et un regard caméra qui vaut coup de théâtre. Ou comment se retrouver quand on s’est perdu de vue, que l’on s’est connu, reconnu… Et retrouver la vue. Une galaxie du regard. Faite de clins d’yeux, comme l’on observe ce qui semble éloigné à travers un télescope. Une programmation à venir découvrir les yeux fermés pour en revenir les yeux grand ouverts.
Franck Lubet, responsable de la programmation de la Cinémathèque de Toulouse