En prévision du projet de réaménagement des espaces rue du Taur, la bibliothèque de la Cinémathèque de Toulouse est fermée au public jusqu’à la fin des travaux. Nous vous remercions de votre compréhension.

Found Footage, le cinéma sans caméra

Ou de l’art d’interroger le sens du cinéma et de le réinventer à partir de lui-même. Démembrer des films pour recréer du cinéma, à la manière dont Frankenstein donnait vie à sa créature à partir d’éléments récupérés sur différents cadavres. Opérer à même le support film, sur les émulsions, grattées, décollées, replacées, magnifiant ses altérations physiques, comme un chirurgien esthétique pratiquerait un lifting d’où le beau surgit de la détérioration. Quand l’art défie la culture.

Les Invités de la section

Bill Morrison
Bill Morrison, né en 1965 à Chicago, est un cinéaste américain expérimental. Il pratique le found footage, soit le collage et (re)montage cinématographique de films retrouvés ou tout simplement réalisés par un autre cinéaste. Ses films s’appuient généralement sur des images d’archives rares dans lesquelles des images oubliées depuis longtemps, et parfois détériorées, sont recadrées comme faisant partie d’une mythologie collective.
Bill Morrison a présenté des films en avant-première aux festivals de New York, Rotterdam, Sundance et Venise, ainsi que des œuvres multimédias dans de grandes salles de spectacle du monde entier, comme le BAM (Brooklyn Academy of Music, New York), le Barbican (Londres), Carnegie (New York) et le Walt Disney Concert Hall (Los Angeles). Decasia (2002) a été le premier film du XXIe siècle à être sélectionné dans le National Film Registry de la Library of Congress. Dawson City: Frozen Time (2017) a été nommé dans de multiples listes de critiques des meilleurs films de la décennie (années 2010). Son travail a été récompensé par le prix Alpert, Creative Capital, la Fondation pour l’art contemporain, une bourse Guggenheim et une rétrospective de mi-carrière au MoMA (Museum of Modern Art, New York).

Boris Lehman
Boris Lehman, né en 1944 à Lausanne, est un cinéaste belge aux frontières du cinéma expérimental, de l’essai cinématographique, du journal filmé et du documentaire.
Cinéaste indépendant au plein sens du terme, il mène une carrière cinématographique hors norme depuis sa sortie de l’INSAS (Institut national supérieur des arts du spectacle, Bruxelles). Il a confondu sa vie avec son cinéma, avec la photographie (qu’il pratique quotidiennement et de manière extensive), avec l’écriture (dans des carnets de notes et une correspondance nourrie). Au gré des années, il a ainsi accumulé un matériel considérable : les matériaux de ses films bien entendu – copies, négatifs, rushes, coupes, bandes son… – et, au-delà d’eux, leurs contextes, leurs sources, leurs conséquences, tant au plan de la production (scénarios, demandes d’aide, contrats) que de leur présentation (affiches, press-books, festivals) et de leur diffusion – artisanale la plupart du temps, voire « personnalisée », mais aussi via la télévision ou l’édition DVD.
En tant que coscénariste, assistant ou acteur, il a travaillé avec plusieurs réalisateurs belges parmi lesquels Chantal Akerman, Samy Szlingerbaum et Henri Storck. Des rétrospectives de son travail ont été présentées dans plusieurs pays.

Cécile Fontaine
Cécile Fontaine (née en 1957 dans le sud de la France) a grandi sur l’île de La Réunion avant de suivre des études d’art en France (1975-1979) et à Boston (1980-1986), où elle commence à faire des films en 1982 suite à un cours du soir au Massachusetts College of Art, puis comme élève à plein temps à l’école du Museum of Fine Arts, section cinéma. Revenue en France en 1986, elle vit depuis à Paris, enseignant l’art à plein temps dans une école primaire et réalisant des films.
Cécile Fontaine a construit depuis le début des années 1980 un corpus de plus de cinquante films. Son œuvre témoigne d’une des pratiques les plus singulières dans la constellation du cinéma expérimental : le film conçu comme collage –  à la fois pictural et cinématographique. Elle envisage le cinéma comme un support travaillé dans sa matérialité, un réservoir d’images extraites de leur lieu d’origine, qu’elle manipule et détourne selon d’autres associations formelles et/ou sémantiques.

Emmanuel Lefrant
Emmanuel Lefrant vit et travaille à Paris où il réalise des films dans un contexte d’autoproduction, exclusivement en cinéma argentique. Les films, abstraits ou de paysage, s’attachent à représenter ou révéler un monde invisible, une nature qu’on ne voit pas, au travers des formes secrètes de l’émulsion.
Outre les films qu’il réalise, il a fondé en 2000 avec Nicolas Berthelot, Alexis Constantin et Stéphane Courcy le collectif Nominoë avec lequel il a créé des performances qui ont été jouées dans de nombreux lieux, parmi lesquels le Centre Pompidou, la Fondation Serralvès (Porto) ou encore le Festival international de Rotterdam (IFFR).
Emmanuel Lefrant est par ailleurs directeur de Light Cone, association à but non lucratif dont l’objectif est la distribution, la connaissance et la sauvegarde du cinéma expérimental. Dans le cadre de ses missions, Light Cone est notamment chargée de distribuer les films qui lui sont confiés en dépôt afin d’assurer la promotion de ces œuvres et du cinéma expérimental en général. Sa vocation première est de permettre à différentes structures culturelles de diffusion (associations, cinémas, musées, universités, galeries et festivals) de montrer les œuvres de sa collection, si possible sur leur support original.

Traverse Vidéo
Traverse Vidéo est l’association à l’initiative du festival les Rencontres internationales Traverse.
Depuis vingt-cinq ans, Traverse Vidéo n’existe que dans le dessein de partager avec tous des formes artistiques différentes, expérimentales et poursuit ce projet contre marées et vents. Pour les avertis qui n’y “ont pas droit” assez souvent, avec des programmes exigeants ; pour les profanes qui “croient qu’ils n’y ont pas droit” et pour lesquels Traverse accompagne les séances, prépare des ateliers et des rencontres afin de transmettre des manières d’approche et d’appropriation de ces formes. Traverse provoque la rencontre entre artistes émergents et connus sans exclure les travaux d’étudiants. Les œuvres qu’elle présente sont dites expérimentales parce qu’elles diffèrent par leur remise en cause des codes artistiques, par la reconnaissance du médium et de ses potentialités. Plus proches du cinéma sensitif que du narratif exclusif, elles ne se privent ni du propos, ni du dire, du penser. Traverse Vidéo sera représentée par Simone Dompeyre, sa directrice artistique.
Simone Dompeyre se consacre à confronter les diverses formes de l’art expérimental sans oublier son amour de la pellicule. Ce pourquoi, elle s’est dévouée à l’enseignement de l’analyse filmique et de la sémiologie de l’image. Elle participe à de nombreux jurys et commissions concernant le cinéma et a commis divers courts métrages documentaires, le plus souvent s’intéressant aux arts avec ses étudiants.
Outre Traverse Vidéo, moment de rencontres internationales des formes d’art contemporaines, qui se produit chaque année au mois de mars, et à Toulouse, elle défend, ici et ailleurs, l’image de ce cinéma différent.

Collectif Jeune Cinéma
Le Collectif Jeune Cinéma, créé en 1971, est une structure de distribution et de diffusion des pratiques expérimentales de l’image et du film. Parallèlement à son activité de distribution, le Collectif Jeune Cinéma organise chaque année le Festival des Cinémas Différents et Expérimentaux de Paris et programme chaque mois des séances régulières à Paris ou en Île-de-France.
En 2021, pour célébrer son demi-siècle d’existence, le Collectif Jeune Cinéma a mis au point une Cinémathèque Temporaire à Mains d’Œuvres (Saint-Ouen), qui sera ouverte jusqu’en mai 2022 et qui propose des séances toutes les semaines.
Le catalogue du Collectif Jeune Cinéma compte à ce jour plus de 1 650 films pour plus de 480 cinéastes.
Le Collectif Jeune Cinéma sera représenté par Yves-Marie Mahé, cinéaste. À propos de son documentaire d’archives Jeune cinéma sur un festival de cinéma mythique et oublié qui eut lieu à Hyères entre de 1965 et 1983, celui-ci confiait : « Je suis très attaché à Hyères en raison de mes liens avec le Collectif Jeune Cinéma qui a programmé la section Cinéma Différent à partir de 1973. Mon histoire de cinéaste se confond avec la sienne. »

Les rencontres de la section

Rencontre avec Bill Morrison
Rencontre-projection avec Cécile Fontaine et Emmanuel Lefrant – Found Footage, Le cinéma sans caméra
Du Found footage au Mashup – Mashup, remix d’images

Les films de la section

Light Is Calling de Bill Morrison et The Village Detective: A Song Cycle de Bill Morrison
Programme de courts métrages 1
Decasia de Bill Morrison
Programme de courts métrages 2
Programme Traverse
La Mer du milieu de Jean-Marc Chapoulie et Nathalie Quintane
Fantômes du passé [comment l’histoire est entrée en moi] de Boris Lehman et Sarah Moon Howe
Film ist.[1-6] de Gustav Deutsch
Programme de courts métrages 3
Ne croyez surtout pas que je hurle de Frank Beauvais
Rencontre-projection avec Cécile Fontaine et Emmanuel Lefrant
Film ist. [7-12] de Gustav Deutsch
Images d’Orient – Tourisme vandale de Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi
Programme Collectif Jeune Cinéma