Délits flagrants
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Délits flagrants est la suite logique (Depardon préfère parler de complément, ce qui est plus juste) de Faits divers (voir page 9) : après le commissariat de police, le palais de justice, la confrontation avec le substitut du procureur qui suit l’arrestation et la garde à vue. Moment décisif pour la personne déférée. Il s’agit d’un entretien et à ce titre le dispositif mis en place (l’inculpé et le substitut dans un même plan fixe) met en lumière le langage, gestuelle et parole, en laissant toute sa place à « l’entre », ici un bureau dépouillé et administratif. Dix ans se sont écoulés depuis Faits divers. « L’entre » n’est plus un espace d’échange. Il est devenu un fossé. Barrière du langage. Petits délinquants au vocabulaire restreint, parole hésitante, souvent trahie, mots menottés. Et verbe sûr, technique, mécanique. La loi. On ne rit plus comme dans les films précédents où flics et voyous se comprenaient, utilisaient les mêmes mots. Ici, on a peur, et on se dit que l’insécurité c’est la loi. Alors on se demande, si la loi protège la société, qu’est-ce qui protège l’individu ?