Les Sept Samouraïs (Shichinin no samurai)

Akira Kurosawa. 1954. Japon. 205 min. N&b. DCP. VOSTF.


Galaxie Kurosawa



Si, au tout début des années 1950, Rashômon permit de révéler toute une cinématographie jusqu’alors ignorée, Les Sept Samouraïs ouvrait définitivement les écrans occidentaux au cinéma japonais. Un film qui a bien sûr fait la renommée d’Akira Kurosawa en même temps qu’il a pu réduire le chambara (le film de sabre) à ce seul nom. Et comme pour Pour une poignée de dollars avec Yojimbo, le remake version western, le bien nommé Les Sept Mercenaires (John Sturges, 1960), connaîtra un succès populaire beaucoup plus important. Harcelés par des brigands, les habitants d’un petit village font appel à des samouraïs sans maître pour les protéger… Trois parties de durée égale (le recrutement des samouraïs par les paysans, l’organisation du village avant le retour des bandits et les attaques finales). Un western transplanté dans les rizières japonaises et truffé de ruptures de ton inattendues. Comédie, mélodrame et action. Kurosawa, rangé aux côtés des paysans, raille la supériorité de « classe » des combattants. Le maître au sommet de son art. L’expérience est bouleversante, et le spectacle aussi total qu’impressionnant. À tel point que le monument pourvoyeur de scènes de combats d’une rare intensité changera à jamais la face du cinéma d’action.
Pourtant, durant de nombreuses années, Les Sept Samouraïs fut distribué dans différentes versions tronquées, gommant les subtilités d’une œuvre hors norme qui méditait sur le destin, le libre-arbitre, le sens de la vie et l’héroïsme. Deux cent cinq minutes de pure beauté cinématographique alliant le sabre des rônins à la fourche des paysans. Ce fut longtemps le film le plus cher de l’histoire du cinéma nippon. Ce fut certainement aussi l’un des plus difficiles à réaliser pour Akira Kurosawa, à tel point que les dirigeants de la Toho faillirent déposer les armes suite à d’incessants incidents sur le tournage entraînant de coûteux dépassements de budget. Mais Kurosawa tint bon, galvanisant une jeune équipe prête à tout pour son sensei, profondément marqué par les westerns américains, en particulier ceux de John Ford. Pourtant, sans rien cacher de ses influences occidentales, Les Sept Samouraïs demeure profondément japonais par son esthétique, sa philosophie et surtout son âme. De quoi définitivement rentrer dans le club très restreint des classiques indémodables.

mercredi 04 mars 2026, 19h30       Infos pratiques
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